Mon adolescent vit de l’anxiété de séparation
Publié le 8 janvier 2024Nous avons dernièrement eu la chance de discuter avec Noémie Boivin, une travailleuse sociale en Estrie, qui est experte dans le domaine des séparations et de la gestion des comportements liés à la séparation chez les enfants de tous âges. Lors de cette entrevue, elle nous a expliqué en détail ce qu’est cette problématique, comment contrôler l’anxiété de séparation en résidence et nous a aussi donné quelques conseils à appliquer en tant que parents.
Définir l’anxiété de séparation selon une professionnelle
Cette forme d’anxiété se déclenche lorsque l’enfant ou l’adolescent doit se séparer de sa figure d’attachement. Madame Boivin explique que la figure d’attachement peut être incarnée par un parent ou un proche qui représente un sentiment de sécurité. L’adolescent qui souffre d’anxiété de séparation peut vivre une grande détresse lorsqu’il se retrouve seul. Cela peut se manifester par des crises et des pleurs, mais peut également se traduire par des comportements intériorisés comme des maux de ventre ou une tendance à s’isoler. Portez attention aux périodes de grands changements, celles-ci sont souvent plus propices à créer une atmosphère anxiogène pour l’adolescent qui vit de l’anxiété de séparation!
La travailleuse sociale explique qu’il est normal pour un enfant de bas âge de vivre ce trouble d’anxiété, car il n’a pas encore appris que ses parents reviennent toujours lorsque ceux-ci le quittent. Madame Boivin explique que l’anxiété de séparation devient plus problématique lorsqu’elle se maintient sur une longue période et que les comportements de crise perdurent après plusieurs semaines. De plus, l’anxiété de séparation a des impacts négatifs sur le développement social de l’adolescent, mais aussi sur son alimentation, sur son sommeil et sur ses résultats scolaires.
Vivre en résidence tout en gérant son anxiété
Madame Boivin précise également que l’anxiété de séparation peut se contrôler en utilisant des approches axées sur la thérapie comportementale, même à la maison. Ce que l’on souhaite faire, c’est de provoquer, tout en préparant, la séparation entre l’adolescent et son parent. La résidence peut donc tout à fait être une solution avantageuse pour travailler le trouble anxieux. Le fait de vivre l’expérience de la résidence, que l’enfant ait un trouble anxieux ou non, aura des répercussions positives. Madame Boivin note d’ailleurs un gain d’autonomie et le développement d’habiletés sociales chez les adolescents ayant vécu en résidence scolaire.
Un adolescent avec un trouble anxieux, qui commence le secondaire ou qui entre en résidence, a déjà eu des comportements révélateurs auparavant. Un plan d’intervention que vous avez bâti ou un suivi avec une équipe de spécialistes peut alors déjà être mis en place. Il faudra donc prévoir une bonne préparation avant l’arrivée de votre enfant en résidence afin de lui offrir une meilleure chance de bien vivre la vie en résidence.
L’anxiété de séparation peut bien sûr se contrôler pour bien arriver à la maîtriser. Bien que l’anxiété peut être difficile à gérer durant les premières journées de séparation, l’adolescent s’adaptera dans sa nouvelle vie au fur et à mesure que les jours passeront. La travailleuse sociale conseille donc de bien préparer son jeune souffrant d’anxiété de séparation et d’éviter de faire le choix de la résidence dans son dos sans lui en parler.
Les conseils de la travailleuse sociale
Questionner l’école sur le fonctionnement.
Les écoles offrent du soutien et peuvent répondre à vos questions. Ainsi, vous serez mieux préparés pour avoir une discussion avec votre enfant. Réglez vos craintes et vos questionnements avec l’école avant de parler avec votre enfant.
Éviter les hésitations comme parent.
Votre enfant ressent vos doutes et vos craintes. Si vous hésitez ou si vous ressentez du stress par rapport à son départ, votre enfant le ressentira également et vivra cette expérience comme étant traumatisante. Il faut donc éviter de lui faire percevoir vos doutes. Parlez de votre décision une fois que vous aurez fait un choix clair.
Préparer votre enfant à son départ.
Une fois que l’inscription est officielle, préparez l’arrivée en résidence. Vous pouvez exercer votre jeune à vivre des périodes de séparation ou compter le nombre de jours restants. Évitez toutefois de rendre cette date anxiogène et parlez-en positivement.
Prévoir du temps de repos avant et après le retour en résidence.
Avant de repartir le dimanche soir ou le lundi matin, restez calmes à la maison et prenez du temps de qualité. L’enfant doit se placer dans la bonne posture et ne pas être émotivement surstimulé. À son retour à la résidence, il faut également qu’il prévoie du temps tranquille pour s’acclimater et se réadapter. Évitez donc de lui faire recommencer automatiquement ses leçons.
Éviter les au revoir déchirants.
Il ne faut pas étirer les adieux trop longtemps pour éviter de tomber dans les émotions, précise Mme Boivin. Si votre enfant ressent trop d’émotions, vous en éprouverez sans doute comme parent et cela deviendra une escalade d’émotions. Prévoyez alors des au revoir courts et, en tant que parents, restez positifs.
En tant que parents d’adolescents anxieux, prenez une décision éclairée avant de lui en parler. La travailleuse sociale conseille de parler avec votre coparent pour éviter les discordes. Il est important que vous ayez pris une décision commune.
En conclusion, l’anxiété de séparation peut se faire ressentir à divers moments lors des périodes de grands changements. Une bonne préparation et un discours positif de votre part en tant que parent faciliteront l’intégration de votre adolescent dans une résidence scolaire. N’oubliez pas que les différents spécialistes du domaine scolaire sont disponibles pour répondre à vos questions!